Juliette Bouzy et ses collègues de la plateforme Trajectoires Jeunes Trans ont publié dans la revue Psychiatry Research une revue de littérature sur les transidentités et l’autisme, qui sont souvent associés.
Les auteurs trouvent de grandes différences tant entre les études de la fréquence d’autisme dans la population transgenre, que dans celles évaluant la fréquence de personnes trans dans la population autiste. À la Pitié-Salpêtrière, sur 239 participants transgenres de 3 à 20 ans, 9% ont un diagnostic d’autisme (résultats sous presse).
Le ratio de genre entre personnes autistes transféminines et transmasculines est équilibré dans beaucoup d’études l’évaluant. Dans certaines autres études toutefois, une prédominance de personnes assignées fille à la naissance seraient à la fois trans et autistes, ce que la littérature explique par une intensité de la puberté plus marquée chez les assignés fille.
Les théories explicatives des co-occurrences de transidentités et autisme sont relevées. L’une de celles mises en avant par les auteurs suggère que les difficultés sociales liées à l’autisme mèneraient à une moindre identification aux normes de genre et à une moindre pression à se conformer à ces normes, entraînant une plus grande diversité de genre chez les personnes autistes.
Plusieurs études reportées par les auteurs s’intéressent aux conséquences cliniques et sociales de cette co-occurrence, soulignant la cumulation des facteurs de risques qui en dérive : moindres qualité de vie, santé physique, bien-être émotionnel et social, et fonctionnement scolaire ; plus de co-occurrences psychiatriques que chez les personnes autistes cis ; la souffrance parfois associée à la transidentité peut être accentuée par certains traits cognitifs autistiques, menant à des comportements auto-agressifs sévères.
De nombreuses études réaffirment l’importance de fournir des soins spécialisés aux personnes trans autistes, et que l’autisme n’est pas une contre-indication aux soins d’affirmation de genre, notamment les hormones sexuelles. Les effets bénéfiques de ces dernières sur la santé mentale, sur les fonctions exécutives, et sur le fonctionnement global y compris social des personnes trans autistes, sont démontrés. Selon une étude, la prescription prolongée des bloqueurs de puberté chez les jeunes trans et autistes aurait toutefois des effets négatifs sur les fonctions exécutives. Les études s’intéressant à la transition sociale relèvent des effets négatifs de celle-ci en termes d’anxiété et d’accroissement des difficultés sociales, tout comme des effets positifs, recommandant que les désirs des personnes trans et autistes soient soutenus pour ne pas risquer une exacerbation de l’isolement social.
Dans l’ensemble, les soins des personnes trans et autistes doivent être adaptés à certaines spécificités cognitives, et les risques élevés de discriminations et harcèlements qu’elles subissent doivent être connus des soignants dans l’accompagnement de leur transition.
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