Suite à une première étude évoquée sur notre site l’an dernier, plusieurs membres de Trajectoires Jeunes Trans ont procédé à une évaluation secondaire des données de la cohorte d’enfants et adolescent·es trans reçu·es en consultation spécialisée à la Pitié-Salpêtrière.
Cette étude a analysé les données des 239 enfants et adolescent·es ayant consulté la clinique spécialisée en diversité de genre de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, entre 2012 et 2022. La consultation, intégrée au réseau Trajectoires Jeunes Trans, accueille des jeunes de moins de 18 ans trans ou en questionnement de genre, et leurs familles, référé·es par des médecins ou des associations, ou se présentant spontanément. L’équipe pluridisciplinaire offre un suivi psychologique, des traitements hormonaux, et parfois des opérations chirurgicales, en suivant les recommandations de la WPATH et de l’Endocrine Society. Les décisions de traitement, prises en concertation pluridisciplinaire, sont centrées sur les besoins des patient·es. Tous·tes les jeunes ayant consulté le service hospitalier avant l’âge de 18 ans ont été inclus·es dans l’étude.
Les données sociodémographiques et cliniques montrent une majorité de patients assignés filles à la naissance (68 %) par rapport aux jeunes assignées garçons (32 %), et un âge d’admission plus jeune pour ces dernières. Environ un tiers des participant·es présentaient une incongruence de genre avant la puberté, avec une plus forte proportion chez les jeunes assignées garçons. Concernant l’orientation sexuelle, peu de participant·es avaient exprimé une orientation définie.
Les données psychiatriques montrent une proportion de troubles mentaux élevée chez les jeunes trans, en particulier chez les assignés filles, avec un taux élevé de tentatives de suicide passées (29 %), de pensées suicidaires (53,7 %), de dépression (65,4 %) et d’anxiété généralisée (45,7 %). Les assignées garçons présentaient moins de co-occurrences psychiatriques que les assignés filles, ce qui contribue à expliquer pourquoi le recours au système de soins se fait moins fréquemment dans cette population. Bien que le harcèlement scolaire soit fréquent pour tous, les assignées filles présentaient un plus grand nombre de ruptures de scolarité (38.3 % vs. 21,6 %).
Les choix de transition sociale diffèrent également : les assignés filles étaient plus nombreux à transitionner socialement au sein de leur famille et à l’école que les assignées garçons, mais les deux groupes entamaient leur transition en moyenne vers le même âge (15,13 ans). Les traitements médicaux, comme les bloqueurs de puberté et les hormones, concernaient une minorité de patient·es (respectivement 11 % et 44 %), se faisaient en moyenne aux mêmes âges entre les groupes (respectivement à 13,87 ans et 16,87 ans), et les jeunes femmes trans étaient plus susceptibles de recevoir des bloqueurs de puberté. Enfin, les interventions chirurgicales restaient peu fréquentes chez les mineurs, avec des torsoplasties en moyenne vers l’âge de 18,44 ans (le plus jeune avait 16 ans).
Pour les chercheur·ses, l’étude présente toutefois des limites, comme la faible diversité socio-économique des patient·es et l’échantillon provenant d’un seul centre, ce qui pourrait restreindre la généralisation des résultats. L’augmentation du nombre de jeunes trans, en particulier des assignés filles, souligne l’importance de poursuivre la recherche pour affiner les connaissances sur cette population en pleine évolution et comprendre les facteurs influençant ces parcours de vie. Des études complémentaires sur une période de suivi plus longue seront essentielles pour suivre ces tendances et mieux comprendre les besoins spécifiques de ces jeunes.
Pour accéder à l’étude complète, cliquez ici.
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