Dans une étude publiée en juin 2023 dans la revue Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, les chercheur·ses Lagrange et collègues reviennent sur les chiffres de la consultation spécialisée d’accompagnement des jeunes trans de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Sur une population suivie depuis 2012 de 239 jeunes âgé·es de 3 à 20 ans, les résultats indiquent un âge moyen au premier rendez-vous à 14,5 ans. Aucune augmentation d’allure « épidémique » n’est observée. Un tiers des 218 jeunes réunissant les critères de l’incongruence de genre (CIM-11) avaient exprimé cette incongruence avant la puberté. Les deux tiers des jeunes accueilli·es ont été assigné·es fille à la naissance, rejoignant une tendance observée dans les centres hospitaliers étrangers. Chez les moins de 12 ans, la proportion s’inverse, avec deux tiers de jeunes assigné·es garçon à la naissance. Les transitions sociales étaient déjà effectuées avant la première consultation dans 40% des cas. Parmi les 239 jeunes accompagnés, un seul d’entre eux a suspendu sa transition.
Les co-occurrences de troubles psychiatriques (28% d’antécédents d’hospitalisation en psychiatrie) sont dominées par la dépression (60% des jeunes avant leur prise en charge) et les comportements suicidaires (46% d’antécédents de suicidalité, 24% de tentatives de suicides avant la prise en charge), sur un terrain social fortement marqué par les discriminations, outrages, harcèlements, violences, et rejet scolaire. Un quart des jeunes étaient déscolarisé·es depuis au moins 3 mois au premier rendez-vous, et la quasi-totalité (97%) ont pu être rescolarisé·es au cours de la prise en charge. Les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité concernent 6% des jeunes, les traits autistiques sont observés chez 9%, et l’anorexie mentale chez 7%.
Concernant les soins trans-spécifiques, ceux-ci sont loin d’être systématiques. Les retardateurs de puberté, indiqués uniquement pour les adolescent·es, ont été prescrits au total à 26 jeunes (11%), d’âge moyen 13,9 ans, après un délai moyen de 10 mois suivant la première consultation. Les transitions hormonales proprement dites, féminisantes ou masculinisantes, ont concerné 105 jeunes (44%), à l’âge moyen de 16,9 ans, après un délai de 14 mois. 30 jeunes (20% des personnes transmasculines) ont bénéficié de torsoplastie, à l’âge moyen de 18,4 ans. Aucune opération génitale n’a été effectuée avant la majorité.
La consultation de la Pitié-Salpêtrière se distingue d’autres consultations européennes par un plus faible taux de transitions hormonales, peut-être en lien avec une plus grande place laissée à la parole dans le dispositif parisien, ce qui élargirait la proposition de soins offerte aux jeunes.
+ d’actualités
Baisse de suicidalité observée chez 432 adolescents trans après 2 ans d’hormonothérapie
Nouvelle étude américaine
Lire la suiteDétransition : comment le soutien parental façonne les trajectoires de genre
Nouvelle étude de membres de TJT
Lire la suiteUne étude démonte les préjugés sur « l’authenticité » des identités trans chez les jeunes autistes
Résultats d’une expérimentation importante en psychologie sociale
Lire la suiteL’implication partisane dans les décisions des politiques de santé, l’exemple des États-Unis
Deux analyses sur le rapport du HHS
Lire la suiteIl n’y a aucune association significative entre l’usage des réseaux sociaux et une identification transgenre à l’adolescence
Toujours pas de preuve de « contagion sociale »
Lire la suiteCensures et définancements, rapport Cass et consensus continentaux, actualités scientifiques… nos retours sur l’EPATH 2025
Un congrès riche en enseignements
Lire la suite







