Les lois anti-trans ont causé une hausse significative de tentatives de suicides de jeunes trans aux USA

Une étude publiée dans « Nature Human Behaviour » révèle que les lois anti-trans États-Unis augmentent le nombre de tentatives de suicide chez les jeunes trans par rapport aux états sans de telles législations. Menée auprès de plus de 61 000 personnes trans et non-binaires de 13 à 24 ans, cette recherche a analysé l’impact des lois anti-trans au niveau des États, touchant des domaines comme les soins d’affirmation de genre ou l’accès aux toilettes du genre d’affirmation. Les résultats de cette étude sont particulièrement significatifs car ils pourraient influencer les débats internationaux dans les pays confrontés à des pressions pour instaurer des restrictions similaires, dont la France.

La variation des législations entre les États a permis aux chercheurs de traiter cette disparité comme une quasi-expérimentation naturelle, afin de mesurer l’impact direct des lois anti-trans. Près de la moitié des États américains ont en effet adopté des lois restrictives contre les soins affirmant le genre, sur la période étudiée de 2018 à 2022, tandis que l’autre moitié n’a pas adopté de telles lois ; certains ont même renforcé les protections pour les personnes trans. Cette différence a permis aux chercheurs de démontrer plus directement que ces lois ont un effet néfaste, en s’appuyant sur des preuves collectées par The Trevor Project (organisme de prévention du suicide et de soutien des jeunes de – de 25 ans LGBTQ+).

Les résultats montrent une augmentation significative du nombre de tentatives de suicide annuel par personne, en particulier chez les jeunes trans de 13 à 17 ans, dont le taux a augmenté jusqu’à + 72 % dans les états avec des lois anti-trans, par rapport à la moyenne de l’échantillon. Les chercheurs ont pris en compte plusieurs facteurs pour renforcer la preuve de la causalité, comme les différences entre les états, les catégories ethnoraciales, l’âge et l’impact de la COVID-19. Ils ont aussi réalisé des tests alternatifs pour valider leurs résultats.

Le mécanisme causal par lequel ces hausses apparaissent laisse penser, d’après les auteurs, que le passage de telles lois renforcerait les capacités des jeunes trans déjà suicidaires à tenter de se suicider ; plutôt que par le développement de fortes idéations suicidaires chez des jeunes trans non-suicidaires. En théorie, ce renforcement des capacités à passer à l’acte suicidaire surviendrait après une exposition répétée à des évènements douloureux et inspirant de la peur, tels que les expériences de discrimination.

La publication de cette étude survient en même temps que la parution d’une autre étude américaine, du CDC (Centre des maladies infectieuses). Cette étude porte sur les élèves trans et cell·eux en questionnement sur leur identité de genre au lycée, qui font face à des inégalités de santé et à des défis scolaires, notamment la violence et la discrimination, par rapport aux élèves cisgenres. L’étude s’appuie sur l’enquête nationale Youth Risk Behavior Survey, qui a pour la première fois recueillie des données représentatives sur ces élèves en 2023. L’étude met en évidence que 3,3 % des lycéens américains s’identifient comme trans et 2,2 % comme en questionnement. Ces élèves sont plus souvent confrontés à la violence, à une santé mentale précaire, à des pensées suicidaires, à des comportements autodestructeurs et à une instabilité de logement, tout en se sentant moins connectés à l’environnement scolaire. Environ 25,3 % des élèves trans et 26,4 % des élèves en questionnement ont manqué l’école par peur pour leur sécurité, contre 8,5 % des garçons cisgenres. De plus, environ 26 % de ces élèves ont tenté de se suicider au cours de l’année passée, contre 5 % des garçons cisgenres et 11 % des filles cisgenres. L’étude souligne l’importance d’interventions pour créer des environnements scolaires plus sûrs et inclusifs afin de réduire ces disparités, et de mieux soutenir la santé et le bien-être de ces jeunes marginalisés.