Deux années après la publication en anglais des recommandations de bonnes pratiques sur les soins des personnes trans de l’organisation mondiale des professionnel·les de la santé trans (WPATH), la traduction officielle en français est sortie.
Le document, de plus de 300 pages, alimenté de près de 1500 études scientifiques, constitue le consensus scientifique actualisé des meilleures pratiques d’accompagnement des personnes trans fondées sur les preuves médicales.
Deux chapitres concernent principalement l’accompagnement des jeunes trans : le chapitre sur les enfants et celui sur les adolescent·es.
Si les enfants (prépubères) ne requièrent jamais de soins médicaux somatiques trans-spécifiques, il est recommandé toutefois qu’iels reçoivent à l’approche de la puberté – ainsi que leurs parents – une information médicale sur les soins d’affirmation de genre possibles à l’adolescence, leurs effets sur la fertilité et les options de préservation de fertilité (énoncé 7.11, pages 87-88). Il est également recommandé par la WPATH le soutien par les parents et soignant·es aux enfants qui souhaitent être reconnu·es dans le genre qui correspond à leur sentiment interne d’identité de genre (énoncé 7.12, pages 88-89). La WPATH recommande toutefois que l’exploration de genre puisse continuer tout au long de l’enfance, indépendamment de la transition sociale (énoncé 7.13, page 89).
Concernant les adolescent·es, la WPATH recommande aux soignant·es de faciliter l’exploration et l’expression de genre de manière ouverte et respectueuse, de sorte qu’aucune identité particulière ne soit favorisée (énoncé 6.2, page 58). Lorsque les adolescent·es demandent des soins de transition médicale, il est recommandé aux soignant·es, dûment formé·es, de procéder à une évaluation biopsychosociale globale, en collaboration et soutien avec le/la jeune (énoncé 6.3, pages 58-60). La WPATH recommande un suivi continu du/de la jeune et sa famille (énoncé 6.8, pages 64-65), en lien notamment avec les professionnels·les de santé mentale pour décider si ces soins de transition médicale sont toujours indiqués (énoncé 6.9, pages 65-66) ; et les parents doivent être impliqué·es dans la participation à la décision médicale, tant que leur participation n’est pas jugée préjudiciable à l’adolescent·e ou impossible à mettre en œuvre (énoncé 6.11, pages 67-68).
S’agissant des soins d’affirmation de genre pour les adolescent·es (bloqueurs de puberté, hormones sexuelles ou chirurgies), il est recommandé par la WPATH qu’ils ne soient fournis aux jeunes qui le demandent que si les conditions suivantes – entre autres – sont réunies (énoncé 6.12, pages 68-77) :
- Le diagnostic d’incongruence de genre au sens de la CIM-11 (OMS) a été posé
- L’expérience de la diversité/de l’incongruence de genre est marquée et soutenue dans le temps
- L’adolescent·e fait preuve de la maturité émotionnelle et cognitive nécessaire pour donner son assentiment/consentement éclairé au traitement
- Les préoccupations concernant la santé mentale de l’adolescent·e (le cas échéant) susceptibles de nuire à la clarté du diagnostic, à la capacité de consentement et aux traitements médicaux d’affirmation de genre ont été abordées
- L’adolescent·e a été informé·e des effets sur la reproduction, y compris de la perte potentielle de fertilité et des options disponibles pour préserver la fertilité, et ceux-ci ont fait l’objet de discussions dans le contexte du stade de développement pubertaire de l’adolescent·e
- L’adolescent·e a atteint le stade 2 de la classification de Tanner pour suspendre la puberté.
Concernant les thérapies de conversion, la WPATH recommande de ne pas proposer de thérapies «visant à modifier le genre et l’expression de genre vécu d’une personne pour la rendre plus conforme au sexe qui lui a été assigné à la naissance» (énoncé 6.5, pages 61-62). Elle note : «ces efforts pour bloquer l’expression sociale réversible ou la transition peuvent comprendre le choix de ne pas utiliser le prénom, les pronoms et les accords choisis par la jeune personne ou de restreindre l’expression de soi dans les vêtements et les coiffures» et «visent généralement à renforcer l’idée que l’identité/expression de genre d’une jeune personne doit correspondre au genre associé au sexe assigné à la naissance ou aux attentes basées sur le sexe assigné à la naissance». Elle appuie cette recommandation contre les thérapies de conversion sur leur manque de raison éthique, de l’absence de preuve de leur efficacité et de la preuve de leur nocivité. Rappelons en outre que ces thérapies de conversion sont illégales en France, y compris celles effectuées contre les mineur·es trans depuis janvier 2022.
Accéder à la version en français des recommandations internationales de la WPATH en cliquant ici.
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